Souveraineté et construction européenne
La notion de souveraineté est remise en cause par le
processus permanent de la construction européenne. Si nous sommes tous
européens, les élites technocrates, pro Union Européenne, ont tourné le dos au
peuple.
Nous assistons même à une absence de débat au sein du
fédéralisme européiste et nul ne semble se préoccuper des conséquences sur nos
pays. Peut-on gouverner sans souveraineté ?
Dans son discours pour la France du 5 mai 1992, Philippe
Seguin dénonçait l'intégration supranationale de la construction européenne
depuis le traité de Rome, passant des actes aux jurisprudences dans le secret des commissions et se
développant contre les peuples, enterrant la conception de souveraineté
nationale et des grands principes issus de la Révolution.
D'un point de vue législatif, par le principe de
primauté, le droit européen l'emporte sur toute disposition contraire du droit
national. Ce principe est la conséquence de la supériorité du droit
international sur le droit national (article 55 de la Constitution de 1958).
Lors des élections européennes de 2014 s’est tenu un
débat au terme duquel il est apparu que 70% de la législation adoptée en France
l'est sous influence européenne. Cela a généré une certaine amertume chez quelques parlementaires nationaux qui portent l'amour de la France et qui ont bien dû constater l’entreprise de sape des
fondements de notre Etat de droit. La création des féodalités régionales,
récupérant davantage de compétences et pouvant traiter directement avec l'Union
Européenne, abonde dans ce sens de l'abandon de l'Etat-Nation ou Etat de droit.
Les domaines les plus touchés concernent l'agriculture, les banques et
l'environnement, avec les dégâts déjà constatés, en revanche les domaines liés
à la défense, l'éducation, la santé et la justice sont - pour l'instant -
épargnés.
Au-delà du droit, cette Europe fédérale s’est révélée
anti-démocratique et injuste.
Elle ne prend plus même la peine de cacher son
ultra-libéralisme : l'internationalisation des échanges, les intérêts
préservés des lobbyistes, ont pour conséquence le chômage de masse, la
désindustrialisation, le manque de protection, de justice sans compter la perte
de l'identité culturelle. Elle semble donc un Etat arbitraire dans lequel les
peuples de chaque nation ne se reconnaissent plus et pour qui elle devient
liberticide. On est à l'opposé des valeurs fondamentales de notre République.
Pourtant, en 1943, le Général de Gaulle, sous l'influence
de Jean Monnet, jugeait nécessaire la construction d'une Europe pour assurer la
paix continentale et s'imposer face à la domination américaine ou soviétique
dans le monde. Sa conception de la construction de l'Europe est confédérale,
autour d'une Europe des Nations qui y conserveraient leur souveraineté. Il
s'opposait donc aux volontés supranationalistes de ses adversaires.
L'Europe d'aujourd'hui est tout son contraire : elle ne
défend pas les Français dont le modèle social est abandonné. De Gaulle disait :
« La démocratie pour moi se confond exactement avec la souveraineté nationale.»
Il rappelait aussi que la démocratie, c’est le gouvernement du peuple exerçant
la souveraineté sans entrave. Or, au fil du temps, notre démocratie se meurt en
ne respectant pas nos citoyens, leurs choix, et en ne les protégeant pas.
Le fédéralisme européen entraîne une perte de souveraineté
de chaque Etat membre. Le président Macron a clairement affirmé vouloir dissoudre
la France dans l'Europe, au risque d’affaiblir nos institutions mais aussi
notre langue ou encore notre culture. Est-ce que chaque Etat est prêt à prendre
ce risque, et voir ainsi ses citoyens se départir de tout sentiment patriotique,
ses élus privés de pouvoir local ?
La solution semble pourtant basique, revenir à une Europe
de projets et de coopération des Nations telle que la souhaitait le Général de
Gaulle, priorisant et respectant les institutions, le modèle social, la
culture, l’histoire et l'économie de chaque Nation, considérant ainsi la
souveraineté de chaque peuple.