Fin de la neutralité du Net : une nouvelle déviance américaine à ne pas suivre
La commission fédérale des communications des États-Unis a abrogé il y a quelques jours la neutralité du Net, pourtant un des
principes fondateurs d’Internet, considéré comme bien public. Ce principe veut
que tout internaute dispose d’un accès égalitaire, sans discrimination ni
limitation ou interférence quels que soient l’opérateur, l’expéditeur, le
destinataire, l’appareil, le contenu... Les défenseurs de la neutralité du
Net redoutent que les internautes aient désormais des accès différents, aussi
bien en termes de coût et de vitesse que de contenu conjugués à un recul sur la
liberté d’expression (certains internautes se plaignant déjà de censure sur les
réseaux sociaux en France).
Les sociétés de "Télécom"
américaines, toujours intéressées par leur profit, étaient favorables à cette abrogation qui leur « permettrait de mieux faire face aux frais de la
modernisation des infrastructures ». Elles ont dorénavant
les mains libres pour réguler le trafic comme bon leur semble, et seuls des
utilisateurs privilégiés pourront disposer d’un accès internet total.
Heureusement, l’Europe ne compte pas, pour l’instant,
prendre le même chemin que les États-Unis. Si cette abrogation avait lieu, par
exemple en France, voici quelques conséquences possibles : facturation ou
dégradation de services audio/vidéo concurrentiels à votre Fournisseur d’Accès
à Internet (FAI), abonnement soudain payants à la presse numérique si elle est
apparentée à un autre groupe que celui de votre FAI, accès bloqués sur certains
services ou prestations concurrentiels même si elles offrent une meilleure
attractivité, blocage de certains usages d’échange…
Nous sommes en pleine phase de développement du
numérique sur l’ensemble du territoire. A l’heure où il est impératif, par
exemple, de garantir dans les villages ruraux l’accès à tous, l’accès aux
entreprises afin qu’elles y demeurent, afin qu’elles s‘y installent, un tel
recul pourrait tuer dans l’œuf une politique d’aménagement du territoire et de
revitalisation de la ruralité
Nous demandons donc expressément que
le législateur prenne conscience des risques liés à la fin de la neutralité du
Net, liberticide et inégalitaire, et qu’il la garantisse dans l’avenir, par
exemple en sanctionnant des opérateurs qui remettraient en cause de manière
illégitime ce principe de neutralité.